Alcool et drogues sur le lieu de travail : beaucoup de mots, peu d’action
Le prestataire de services RH Securex a analysé la problématique de l’alcool et des drogues sur le lieu de travail parmi 600 entreprises belges. Il en ressort que la plupart de ces employeurs disposent d’une politique relative à l’alcool et aux drogues ou envisagent d’en développer une. Toutefois, les managers ne savent généralement pas comment appliquer la politique ainsi que les procédures définies, ni quel est leur rôle dans cette démarche.
Aujourd’hui, la consommation d’alcool et de drogues sur le lieu du travail est un fait grave. La moitié des grandes entreprises interrogées (>200 travailleurs) et 28 % ou presque un tiers des petites entreprises (<200 travailleurs) indiquent avoir été confrontées à des collaborateurs sous l’influence de l’alcool ou de drogues. Les fournisseurs de services non commerciaux (le gouvernement, l’enseignement, le secteur de la santé et du bien-être,…) sont davantage confrontés à des problèmes de drogues et d’alcool que les entreprises commerciales ou industrielles (43 % contre 24 %). L’impact sur les entreprises peut être considérable. En effet, selon 61 % des grandes entreprises et la moitié des petites entreprises, la consommation d’alcool a un impact négatif sur la productivité.
La consommation d’alcool et de drogues sur le lieu du travail est donc problématique. La plupart des entreprises optent pour une approche structurelle. Presque 75 % des petites entreprises et 88 % des plus grandes disposent d’une politique relative à l’alcool et aux drogues. La plupart des entreprises vont un pas plus loin et œuvrent à la concrétisation de leur politique : 76 % des petites et 83 % des grandes entreprises qui ont établi une politique sur l’alcool et les drogues, disposent également de procédures pratiques que les cadres peuvent consulter lorsqu’ils soupçonnent qu’un employé est sous influence.
Il est toutefois frappant de constater qu’une grande majorité des entreprises disposant d’une politique sur l’alcool et les drogues, ne forment pas leurs managers quant à sa mise en œuvre, et ne leur expliquent pas le rôle qu’ils peuvent jouer (60 % des petites entreprises contre 52 % des grandes). De plus, plus de 1 entreprise sur 3 n’encourage pas ses employés à avoir une relation saine et sécurisée avec l’alcool et les drogues. En d’autres termes, la plupart des entreprises investissent dans l’élaboration et le développement d’une politique sur l’alcool et les drogues, mais ne font pas en sorte que les managers l’exécutent. Notre étude a montré que ceci pourrait être dû à un manque de budget (76 % des entreprises qui ont indiqué qu’elles n’avaient pas de lignes directrices ou de politique écrite, ont également noté qu’elles ne disposaient pas du budget pour développer une telle politique), de connaissances (72 %) et de temps (69 %).
Dr. Bart Garmyn, Regional Manager au sein du service externe de prévention et de protection au travail Securex et médecin du travail
« Toute politique sur l’alcool et les drogues est réalisée en consultation entre l’employeur et les représentants des travailleurs. Une politique sur l’alcool et les drogues repose sur 4 piliers : non seulement des procédures et des règlements, mais aussi des conseils et une assistance. Il est en tous cas utile d’impliquer le médecin du travail et le service externe de prévention dans l’élaboration d’une telle politique. Ils peuvent également aider à sa mise en œuvre. Une bonne politique ne s’arrête pas après les heures de travail mais prend également en compte la responsabilité de l’employeur lors de fêtes d’entreprise et d’autres événements liés au travail, par exemple. Une politique adéquate s’adresse non seulement aux personnes qui ont un problème de dépendance mais également à celles qui présentent des comportements à risques. Enfin, une bonne politique peut conduire à une baisse de 15 % dans la consommation d’alcool. Et ceci est salutaire pour l’entreprise mais aussi pour la société. »
Echantillon L’échantillon utilisé pour l’analyse n’est pas représentatif. Les résultats s’appliquent uniquement aux organisations appartenant à l’échantillon et ne peuvent pas être généralisés à l’ensemble de la population en Belgique (ou ailleurs). Répartition par nombre de collaborateurs : 72 % de petites entreprises (moins de 200 travailleurs) et 28 % de grandes entreprises (plus de 200 travailleurs). Répartition par secteur : 41 % d’industrie, 24% d’entreprises de services non commerciaux, 26 % d’entreprises de services commerciaux et 8 % d’autres secteurs. |