La semaine de quatre jours à temps plein applicable à partir du 21 novembre: un système impossible à appliquer d’après 1 employeur sur 4
Seule la moitié des employeurs pense que le système aura un impact positif sur le bien-être des travailleurs
- Un employeur belge sur quatre (25,7%) indique que la semaine de quatre jours à temps plein ne sera pas du tout applicable dans son entreprise. Les principales raisons du refus de cette demande sont que certaines fonctions nécessitent une permanence de 5 jours ouvrables (52,2%) et que l'impact sur l'activité de l'entreprise, du service ou de l'équipe serait trop important (42,5%).
- 3 employeurs sur 10 (30,7 %) n'ont aucune idée de la mesure dans laquelle les collaborateurs introduiront leur demande et 46,1 % pensent que seuls 10% maximum de leurs travailleurs en feront effectivement la demande. 13% d’entre eux ne refuseraient pas la demande de semaine de quatre jours à temps plein.
- Un employeur sur deux pense que le nouveau régime de travail aura un impact positif sur le bien-être de ceux qui y recourront ; 23,3% pensent qu'il y aura un impact négatif sur le bien-être. 31,6% pensent qu'il y aura un impact positif sur la productivité des travailleurs, mais 35,7% s'attendent à un impact négatif.
Bruxelles, le 18 novembre 2022 – À partir du lundi 21 novembre, la semaine de travail de quatre jours à temps plein entrera officiellement en vigueur en Belgique. Un quart des employeurs belges (25,7%) considèrent que ce système est impossible à appliquer dans leur entreprise à l’heure actuelle. Plus de la moitié de ceux qui refuseraient ce genre de demande (52,2%) le feraient car leurs travailleurs occupent un poste qui exige une permanence de cinq jours ouvrables. C'est ce qui ressort d'une récente enquête menée auprès des employeurs par Securex, partenaire en matière d'emploi et d'entrepreneuriat. Les employeurs ne s'attendent pas à une ruée vers le nouveau système et sont divisés quant à l'impact sur les travailleurs qui y adhéreraient. Stijn Baert, Professeur en économie du travail (UGent @ Work), déclare : « Les travailleurs s'attendent à un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, à plus de contacts avec leurs proches ainsi qu’à une meilleure relaxation grâce à la semaine de quatre jours. Le fait que les employeurs s’attendent à peu de demandes de la part des travailleurs peut être une douce illusion par crainte d'une baisse de productivité. »
La loi autour de la semaine de travail de quatre jours à temps plein est parue dans le Moniteur belge le 10 novembre 2022. Elle entrera donc en vigueur, de facto, le lundi 21 novembre. Dès lors, les travailleurs pourront demander volontairement à leur employeur d'exercer une semaine à temps plein en quatre jours. À noter que les employeurs ne sont pas obligés de s'y conformer s'ils refusent pour des motivations précises.
Une récente enquête de Securex auprès de 1 340 employeurs en Belgique montre que ceux-ci jugent peu probable l'application générale de la semaine de quatre jours à temps plein. Selon un employeur belge sur quatre (25,7%), l'application générale de la semaine de quatre jours est impossible au sein de son entreprise. En Wallonie, 30,5% des employeurs considèrent que le système est impossible à appliquer. La Flandre est plus nuancée car, selon près de 8 employeurs flamands sur 10, il serait difficile voire impossible de la mettre en place. Pour les petites entreprises comptant jusqu'à 9travailleurs, ce chiffre s'élève à plus d'un sur trois (34,4%). Si l'on compare les secteurs, ce sont principalement les entreprises opérant dans les secteurs de la manufacture, de l’horeca ou du commerce de détail qui considèrent qu'il est impossible de mettre cela en place, avec un chiffre de 29,1% contre 23,9% dans les autres secteurs.
Les employeurs s'attendent à peu de demandes
Pour les employeurs, les principales raisons de refuser une telle demande seraient que les postes spécifiques exigent 5 jours ouvrables de permanence (52,2%) et que l’impact sur l'activité de l'entreprise, du service ou de l'équipe serait trop important (42,5%).
Les employeurs ont manifestement du mal à évaluer ce à quoi ils doivent s'attendre. En effet, 3 employeurs sur 10 (30,7%) affirment ne pas savoir dans quelle mesure leurs travailleurs introduiront une demande de semaine de quatre jours à temps plein. De nombreux employeurs ne s'attendent pas à une vague de demandes. Par exemple, 46,1% d’entre eux pensent que seuls 10% de leurs travailleurs introduiront effectivement une demande. 13% des employeurs ne refuseraient pas par la suite les demandes de semaine de quatre jours à temps plein.
Des avis partagés sur l'impact
Les avis sont clairement partagés quant à l'impact que ce système aura sur ceux qui y adhéreront. La moitié des employeurs pensent que ce nouveau régime de travail aura un impact positif sur le bien-être des travailleurs en question, tandis que 23,3% d’entre eux estiment que l'impact sur le bien-être sera négatif. Les avis sur les conséquences d'une semaine de quatre jours de travail à temps plein sur la productivité des travailleurs qui recourent à ce système sont encore plus partagés. 31,6% des employeurs pensent qu'il y aura un impact positif sur la productivité des travailleurs, mais 35,7% s'attendent à un impact négatif.
Stijn Baert, Professeur en économie du travail affirme : « Dans une récente enquête d'UGent @ Work auprès des travailleurs flamands, 37% des travailleurs à temps plein ont déclaré qu'ils se voyaient recourir à la semaine de quatre jours. Ils y voient un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, davantage de contacts avec les proches ainsi qu’une meilleure relaxation. Le fait que les employeurs s'attendent à peu de demandes de la part des travailleurs peut être une douce illusion par crainte d'une baisse de productivité. En effet, certaines études prévoient des problèmes de concentration et de fatigue.»
Jacqueline Jost, Conseillère en prévention pour le bien-être psychosocial chez Securex, met en garde contre les pièges potentiels : « Ce n'est pas une solution pour les travailleurs qui ne se sentent déjà pas bien dans leur travail. Le problème ne sera alors reporté que sur quatre longues journées supplémentaires, qui nécessiteront probablement encore plus de temps de récupération. Le besoin naturel de récupération varie bien sûr d'une personne à l'autre. Il est toujours indispensable de prévoir un repos physique et mental suffisant, chacun selon ses propres besoins, tant pour le bien-être que pour la productivité d'un travailleur. L'impact des longues journées de travail sur le cerveau et le corps ne doit pas être sous-estimé, tant chez les ouvriers que chez les employés. »
La semaine de travail de quatre jours à temps plein en pratique
Tout travailleur du secteur privé travaillant actuellement à temps plein peut introduire une demande pour bénéficier du nouveau système. Les employeurs, quant à eux, ont le droit de refuser des demandes avec justification. Si l'employeur accepte la demande d'un travailleur, ce dernier peut effectuer son horaire de travail à temps plein sur quatre jours pendant six mois. Par après, cette période peut être prolongée encore et encore. Les employeurs qui introduisent ce système doivent le faire dans le cadre d'une convention collective ou d'un amendement au règlement de travail, en fonction de la durée du travail. Ce n'est qu’après cette démarche que les travailleurs pourront adhérer au nouveau régime, qui sera défini dans un accord officiel. Enfin, la demande d'une semaine de travail de quatre jours à temps plein ne constitue pas un motif valable de licenciement et les heures supplémentaires sur base volontaire ne sont pas autorisées les jours où le travailleur est en repos.
À propos de l’étude
Cette étude a été menée par Securex auprès de 1 340 employeurs en Belgique. L'enquête s'est déroulée du 4 au 25 octobre 2022. Les répondants représentent les entreprises de Flandre (54%), de Wallonie (32%) et de Bruxelles (14%). Le nombre de collaborateurs varie de 1 à plus de 1 000. 59,5% des répondants étaient des entreprises comptant jusqu'à 25 travailleurs, 27,3% de 26 à 250 travailleurs et 13,3% de plus de 250 travailleurs.