Les travailleurs belges, de plus en plus sensibles au comportement abusif au travail
1 travailleur belge sur trois se sent victime de comportement abusif au travail
Les travailleurs belges ont de plus en plus le sentiment d’être victime de comportement abusif au travail. Que l’on parle de harcèlement moral, de harcèlement sexuel, d’agressions ou de discrimination. Ces types de comportements abusifs ont considérablement augmenté en un an, +28% pour le harcèlement sexuel, +14% pour le harcèlement moral et +13% concernant les agressions. Ces chiffres ressortent clairement de la nouvelle étude du fournisseur de services RH Securex, réalisée auprès de 1500 travailleurs. Le mouvement #MeToo, menée peu de temps avant cette enquête, a pu influencer la perception des comportements déplacés et donc les résultats.
1 travailleur sur 3 se sent victime de comportement abusif
32% des salariés belges ont indiqué avoir été confrontés à une ou plusieurs formes de comportement abusif au travail, soit une augmentation de 11% en un an. Plus d’un employé sur 5 (21%) a déclaré souffrir d’agression sur leur lieu de travail, 17% parle de harcèlement moral, 16% se sentent victimes de discrimination et 5% ont le sentiment de subir un comportement sexuel non souhaité. Cette augmentation serait principalement due au fait que davantage de personnes se sentent confrontées au harcèlement sexuel (+28%).
Eva Praet, manager régional de l’équipe psychosociale : “J’attribue toujours cela au “syndrome du berceau”. A partir des années 1970, on rencontre toute une génération de personnes qui n’ont pas connu de revers social majeur. Aujourd'hui, les gens sont dès lors beaucoup plus attachés à leurs droits et ne veulent tout simplement pas accepter “leur destin”. L’empathie croissante ne coïncide malheureusement pas toujours avec une réaction appropriée et respectueuse, avec toutes les conséquences que cela entraîne.”
Peu de plaintes officielles
Heidi Verlinden, HR Research Expert : “Se sentir victime de comportement abusif au travail ne signifie pas que l’employé va obligatoirement soumettre une demande d’intervention psychosociale au conseiller de prévention.”
Moins d’1 employé sur 100 qui se sent victime de comportement abusif au travail soumettra une requête à son service de prévention et de protection au travail. De plus, seulement 13% des demandes adressées à un service externe mènent à une requête formelle. On y retrouve les cas de harcèlement moral, des agressions ou de harcèlement sexuel. Le nombre de travailleurs qui déclarent avoir subi un tel comportement augmente deux fois plus vite que le nombre de travailleurs qui introduisent effectivement une requête à un service externe. Il en résulte un mécontentement croissant pour les relations de travail qui ne se traduit pas forcément par un nombre croissant de plaintes.
Augmentation sans précédent de la perception de harcèlement sexuel
Le nombre d’employés qui ont indiqué avoir subi un comportement sexuel indésirable est passé à 5%, soit une augmentation de 28% en un an.
Hermina Van Coillie, HR Research Expert : “Le mouvement #MeToo qui est devenu viral sur les réseaux sociaux en octobre 2017 est, selon nous, la cause de cette augmentation. Non seulement les gens sont plus sensibles à tout ce qui va dans le sens de harcèlement sexuel, mais ils osent aussi en parler. Le tabou n’est plus.”
Dans 4 cas sur 5, la victime désignera un membre de son organisation comme étant l"auteur des faits. Dans 15% des cas, c’est le manager, dans la moitié des cas, ce sont les collègues et dans 14% des cas, c'est une personne d'un groupe de travail. Dans un cas sur 5, la victime désignera une personne externe comme l'auteur des faits, tel qu’un fournisseur, un client, ou un patient...
Eva Praet : "Une plainte de comportement abusif est souvent dirigée vers le manager mais cela ne signifie pas qu’il en soit l’auteur. Il est tenu responsable du fait que la situation ne soit pas traitée. C’est pourquoi une surveillance, des conseils et un soutien de la part des managers sont essentiels. De cette façon, ils peuvent mieux réagir à toute forme de comportement abusif."
Les travailleurs de moins de 25 ans en particulier se sentent victimes de harcèlement sexuel (14%). Parmi les 25-29 ans, “seulement” 9% se sentent victimes de harcèlement et dès qu’un employé a plus de 30 ans, le risque descend à 4%. Nous ne voyons pas de différence flagrante entre les hommes et les femmes de plus de 30 ans. En ce qui concerne les femmes de moins de 30 ans, elles se sentent plus souvent victimes de harcèlement sexuel (12%) que les hommes (9%).
La perception de harcèlement moral continue d’augmenter
17% des travailleurs se sentent victimes de harcèlement moral, soit une augmentation de 14% en un an. Dans moins de la moitié des cas (45%) c’est le manager qui est désigné, dans 32% des cas c’est un collègue, dans 16% des cas il s’agit d’un groupe de collègues et dans 7% des cas, d’une personne externe. Le manager est de moins en moins considéré comme responsable dans une telle situation. En effet, on constate une diminution de 16% (de 54 à 45%)
Les travailleurs se sentent plus souvent victimes de harclement moral en Wallonie et à Bruxelles qu’en Flandre (21% contre 15%). Mais nous ne voyons aucune différence en terme d’âge, de sexe, d’éducation ou de statut.
Une perception croissante des agressions et discriminations
Plus de 21% des travailleurs se disent aujourd’hui victime d’agression physique ou verbale au travail. Cela représente une augmentation de 13% en un an. En général, l’auteur sera une personne extérieure à l’organisation (37%), tel qu’un client, un fournisseur ou un patient. Dans 1 cas sur 4, la personne est agressée par son supérieur hiérarchique, dans 29% des cas ce sera par un collègue et dans 9% des cas par un groupe de collègues.
A l’instar de harcèlement moral sur le lieu de travail, les travailleurs se sentent plus harcelés en Wallonie et à Bruxelles (24%) qu’en Flandre (19%). On ne constate pas de différence en ce qui concerne le sexe, l’âge, le statut ou l’éducation.
16% des travailleurs se sentent discriminés. Dans la plupart des cas cela sera par leur supérieur hiérarchique (42%). Près d’1 personne sur 3 (29%) se sent discriminée par un collègue, 19% par un groupe de collègue et 10% par un tiers.
A propos de la recherche Les chiffres de cette étude ont été calculés sur un échantillon de 1500 personnes. Une comparaison avec les données de population de l’ONSS indique que l’échantillon choisi reflète le marché du travail belge, tant au niveau du sexe, de l’âge, de la région ou du statut. L’enquête a été réalisée en ligne par une firme d’études de marché et s’est déroulée en juillet et août 2018. |