Plus de 1 travailleur belge sur 5 s’ennuie parfois au travail
5 % risquent le bore-out
Il arrive à 21 % des travailleurs belges de s'ennuyer au travail. Et un travailleur qui s'ennuie court un risque plus élevé d’être victime d’un bore-out ou syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui. Une étude de Securex montre que 5,6 % des travailleurs belges présentent ce risque accru, et que les grandes entreprises sont plus sensibles à ce phénomène. « Le bore-out est avant tout un problème de motivation, mais cela ne signifie pas pour autant qu'il faille en sous-estimer les risques et les conséquences, » déclare Hermina Van Coillie, experte en recherches RH.
Il ressort d’une étude menée par Securex, spécialiste des ressources humaines, qu’il arrive à plus d'une personne sur cinq (21 %) de s'ennuyer au travail. 8 % des travailleurs belges s'ennuient même régulièrement. 10 % qualifient leur travail de monotone et 8 % trouvent leur activité professionnelle inutile. 19 % des Belges trouvent que leurs tâches quotidiennes présentent trop peu de défis.
Selon les chercheurs, celles et ceux qui s'ennuient au travail, trouvent leurs tâches monotones ou peu utiles et n’y voient aucun défi à relever, ont plus de risque de présenter ce syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui ou bore-out. Pour Securex, il en est question lorsqu'une personne affiche un score supérieur à la moyenne pour ces 4 aspects : ennui, travail monotone, travail inutile et peu de défis. Les chiffres montrent que 5,6 % des travailleurs belges en souffrent. Ces données confirment une étude antérieure du Pr. Hans De Witte, Professeur ordinaire en psychologie du travail à la KU Leuven et membre du groupe de recherche sur la psychologie du travail, des entreprises et du personnel.
Hermina Van Coillie, HR Research Expert de Securex : « Un bore-out est avant tout un problème de motivation. Les travailleurs en bore-out indiquent qu'ils ne sont pas ‟autorisés” à travailler, tandis que les personnes en burn-out estiment qu'elles n'en sont plus ‟capables”. Le burn-out est la conséquence d’une surcharge chronique de travail, le bore-out d’un manque chronique de sollicitations et d’une sous-stimulation. Les travailleurs présentant un risque de bore-out indiquent même que leur travail a un impact négatif sur leur santé. Ils peuvent même subir plus de stress qu'une personne qui ne s'ennuie pas ou qui ne trouve pas son travail monotone. »
Ne pas confondre burn-out et bore-out
Nous pouvons faire la distinction entre les travailleurs en bore-out, en burn-out et les travailleurs assidus. Les travailleurs atteints de bore-out ont peu de choses à faire, peu de pression au travail et aussi peu d'autonomie et d'occasions d'exploiter leurs compétences. En d'autres termes, leur travail est trop simple et pas assez stimulant. En revanche, les travailleurs en burn-out ont tout aussi peu de possibilités de gérer le stress, mais éprouvent bien trop de stress au travail. Les employés dévoués ont quant à eux un travail stimulant. Ils éprouvent également beaucoup de stress au travail, mais ont suffisamment d'autonomie pour y faire face.
Hans De Witte, Professeur ordinaire de psychologie du travail à la KU Leuven : « En dépit de leur chevauchement partiel, burn-out et bore-out sont bel et bien différents. Le burn-out fait référence à un épuisement extrême alors que le bore-out se caractérise plutôt par de la léthargie et de l’apathie. Tous deux partagent un haut degré de distanciation et de cynisme. Dans les deux cas, les femmes et les hommes veulent prendre leurs distances par rapport à l'emploi perçu comme problématique ».
Les conséquences d'un bore-out peuvent être graves
Toute personne souffrant d’un bore-out peut subir de graves conséquences en termes de santé et de leur bien-être personnel. Les personnes présentant un risque élevé de bore-out sont en moyenne plus souvent et plus longtemps absentes que celles qui ne présentent aucun risque.
Les grandes entreprises sont plus exposées aux risques
Les travailleurs des grandes entreprises (c.-à-d. celles de plus de 1 000 travailleurs) courent le plus grand risque de subir un bore-out, alors que salariés qui travaillent dans des entreprises de taille moyenne (de 100 à 999 travailleurs) y sont les moins exposées (8 % contre 4 %). Le risque est plus élevé pour les jeunes travailleurs que pour les travailleurs âgés : 7 % contre 2 %. Si vous avez plus de 50 ans, vous courez moins de risques. Plus le collaborateur est âgé, plus le risque est faible. Les « exécutants » courent également un risque plus élevé que les dirigeants (6 % contre 4 %).
Comment éviter le bore-out ?
Un bon contenu de la fonction, qui permet aux travailleurs d’éprouver une autonomie suffisante et d’exploiter pleinement leurs compétences, est crucial. La prévention s’appuie sur trois piliers : autonomie, solidarité et compétence. Ceux qui ressentent beaucoup d'autonomie (3 % contre 15 %), de solidarité (3 % contre 12 %) ou qui se sentent compétents (5 % ou 17 %) courent moins de risques de bore-out que ceux qui les ressentent moins.
Hermina Van Coillie : « Des études antérieures ont déjà montré qu'un travail complexe et exigeant ne peut pas faire de tort, du moins s'il est limité dans le temps et n’est pas extrême. Dans le cas de figure qui nous occupe, nous allons plus loin : veillez à ce que vos salariés aient un travail suffisant et utile, présentant suffisamment de défis cognitifs. Et donnez-leur plus d'autonomie, offrez-leur des emplois en adéquation avec leurs talents et leurs compétences, et investissez dans une bonne ambiance, ouverte, entre collègues. »
***
À propos de l’étude
Cette étude a été réalisée dans le cadre de notre analyse comparative biennale. Nous y avons cartographié la satisfaction, le stress, la vitalité, l'engagement et l'employabilité durable du travailleur belge. Nous avons recueilli les données par le biais d’enquêtes en ligne. En 2017, 1 552 salariés y ont participé. La distribution d’échantillonnage pour les variables sexe, âge, région et statut correspond à celle du marché du travail belge (selon les données de l'Office national de sécurité sociale et de la Direction générale statistique et information économique (DGSIE) du SPF Économie). Afin de mesurer le bore-out, nous avons développé nous-mêmes une échelle composée de 4 éléments. Un score élevé (4, 5 ou 6 sur 6) au regard des 4 éléments signifie un risque de bore-out. Pour le calcul des pourcentages, nous avons fixé une limite légèrement supérieure, à savoir 5 sur 6.